L’anxiété généralisée: lorsque les soucis deviennent excessifs

Et si cela arrivait soudainement? Qu’est-ce que je vais faire? Cela va-t-il finir un jour? Vais-je m’en sortir? Et si je ne m’en sortais pas? Et si…

Traitement de l'anxiété généralisée par psychologue spécialisé en anxiété
Entre 4 et 5% de la population souffre d’un trouble d’anxiété généralisée.

Un souci excessif porté sur d'éventuelles et lointaines situations, souvent improbables. L'ensemble des éventualités liées à ces potentielles situations sont alors envisagées. La tendance à imaginer le pire se manifeste et la construction d'un scénario catastrophique s'enchaîne.

Se faire du souci à propos de tout et de rien, être en permanence préoccupé et envisager sans cesse de nouveaux scénarios catastrophiques est non seulement nuisible pour la santé psychologique et physique, mais également pour l’équilibre professionnel et relationnel. Les gens qui s’inquiètent constamment n’arrivent plus à se détendre et à trouver le repos, ils sont constamment sur le qui-vive, constamment en train d’imaginer le pire. C’est ce que l’on appelle le trouble d’anxiété généralisée.

S’inquiéter de la sorte cause une anxiété importante et a des répercussions tant sur les plans physique que psychologique. Les symptômes les plus couramment rencontrés sont l’agitation, l’impression d’être survolté, les tensions musculaires, la fatigue, l’irritabilité, les problèmes de concentration, les trous de mémoire, et les problèmes de sommeil.

Le trouble d’anxiété généralisée figure parmi les troubles anxieux les plus répandus : 4 à 5% de la population en souffriraient. Cette problématique touche les individus de tous les groupes d’âges. On estime que 2 à 4% des enfants et des adolescents auraient tendance à se faire du souci de manière excessive. La performance académique étant le thème d’inquiétudes le plus répandu chez les jeunes. Les personnes âgées sont toutefois davantage touchées par l’anxiété généralisée. Le taux de prévalence atteint 7%. La santé, les capacités et la sécurité physique étant les thèmes principaux d’inquiétudes chez les aînés.

Les types d'inquiétudes

Les thèmes d’inquiétudes sont variés et nombreux: il existe autant de sujets d’inquiétudes que d’individus. Notre bien-être, nos finances, la santé de nos proches, nos réalisations professionnelles, l’état de nos relations, conduire ses enfants à l’école, la liste d’épicerie, etc.

Les inquiétudes se divisent en deux catégories:

Les inquiétudes de type 1: ce sont les soucis qui se rapportent aux conséquences possibles d’un problème actuel. Exemples: s’inquiéter pour un membre de la famille qui vit une difficulté personnelle, craindre de ne pas être en mesure d’exécuter l’ensemble de nos tâches domestiques et professionnelles.

Les inquiétudes de type 2: ce sont les soucis qui se rapportent aux conséquences possibles d’un problème qui n’existe pas encore, et qui a peu de chance de se produire. Exemples: se faire du souci que mon enfant tombe un jour gravement malade alors qu’il est en pleine forme, avoir peur que sa conjointe soit victime d’un accident d’avion.

Un processus insidieux

L’anxiété généralisée peut être difficile à identifier. L’individu peut demeurer fonctionnel pour une longue période de temps avant d’observer des conséquences sur son fonctionnement. Bien que cette problématique soit répandue, il constitue de façon étonnante le trouble anxieux pour lequel on consulte le moins.

Les croyances derrières l’utilité de s’inquiéter est généralement ce qui contribue à ce phénomène. En effet, les personnes qui en sont atteintes ont l’impression que s’inquiéter aide à résoudre leurs problèmes, à se préparer au pire, à empêcher qu’une situation se produise et à trouver les meilleures solutions. Les gens qui s’inquiètent ont tendances à normaliser leur état, à croire que cela fait partie intégrante de leur personnalité : ‘ Je suis comme cela ! Il est normal de se faire du souci pour la sécurité de ses enfants ! Cela m’est utile !

Toutefois, au fil du temps, les soucis interfèrent avec les activités quotidiennes et nuisent à la qualité de vie. Un sentiment de malaise se développe à force de s’inquiéter et la difficulté à accomplir les tâches professionnelles et familiales émerge. À long terme, l’anxiété généralisée peut mener à une démoralisation et à un épuisement.

Les facteurs impliqués

Plusieurs facteurs sont impliqués dans le développement de cette problématique. Les facteurs déclencheurs sont les situations qui fragilisent l’équilibre d’un individu. Il peut s’agir tant d’un changement important, tel que la perte d’un emploi, que d’un changement imprévu dans le quotidien, tel qu’une panne de voiture.

Toutefois, les individus ayant un trouble d’anxiété généralisée partage une caractéristique personnelle particulière : ils supportent mal la part d’incertitude associée à certaines situations de la vie courante. Cette intolérance à l’incertitude se traduit par une tendance exagérée à trouver inacceptable la possibilité, si minime soit-elle, qu’un événement négatif se produise. Cette intolérance est la toile de fond des inquiétudes excessives: c’est le filtre qui colore la perception des événements. Elle influe sur le processus de résolution de problèmes: l’individu tente de surmonter l’ambiguïté en s’inquiétant au lieu de chercher une solution concrète au problème.

La personne qui éprouve une difficulté à tolérer l’incertitude tente d’éviter, de contourner ou d’éliminer l’incertitude. Ces efforts assurent malheureusement la poursuite du trouble. Le maintien se manifeste, par exemple, par des comportements de réassurances excessifs auprès de ses proches, ou par le besoin d’être constamment occupé à autre chose pour éviter de penser.

deux personnes âgées assis sur un banc au bord de la mer et regardant la plage

Le trouble d’anxiété généralisée touche les jeunes et les moins jeunes, les personnes âgées étant les plus à risque, avec un taux de prévalence de 7%

Diminuer les inquiétudes

À ce jour, les écrits scientifiques montrent que la thérapie cognitive et comportementale est celle qui réussit le mieux à traiter le trouble d’anxiété généralisée. Le traitement cible principalement la modification des croyances liées à l’utilité de s’inquiéter et des comportements qui entretiennent les inquiétudes. La thérapie débute généralement par une phase d’observation : la personne doit apprendre à reconnaître les inquiétudes excessives et les facteurs qui déclenchent et maintiennent l’anxiété. L’individu est ensuite encouragé à passer à l’action afin d’augmenter sa tolérance à l’incertitude et d’affronter sa peur de se tromper. L’objectif est de prendre un risque sans connaitre le résultat à 100% tout en parvenant à tolérer l’inconfort que cela peut causer: essayer un nouveau plat au restaurant, essayer un nouveau sport, changer son style de coiffure, acheter un cadeau pour un proche sans avoir fait le tour des possibilités. Le psychologue visera également le développement de compétences propres selon le type d’inquiétudes. Lorsque les inquiétudes concernent des problèmes actuels (inquiétude de type 1), l’apprentissage de techniques de résolution de problèmes permettra à l’individu de mieux gérer ses inquiétudes. Dans le cas d’inquiétudes éventuelles (inquiétude de type 2), l’individu est accompagné par le professionnel à s’exposer, en imagination, aux images mentales catastrophiques afin de réduire graduellement l’anxiété ressentie. Le trouble d’anxiété généralisée ne connait presque jamais de rémission complète spontanée. Sans traitement adapté, il évolue vers la chronicité. Il est donc important de consulter un professionnel de la santé mentale. Si vous voulez en apprendre plus sur la question, une lecture incontournable pour le trouble d’anxiété généralisée est le manuel suivant: Arrêter de vous faire du souci pour tout et pour rien.

François Bilodeau, Psychologue

Voir l’article original publié dans le Huffpost Québe

Références